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Chapitre 14

LES FONDATEURS DU

MAQUILLAGE AU CINÉMA

DEPUIS SON ORIGINE À HOLLYWOOD

 

Ce chapitre approfondit succinctement le premier : Le Maquillage au Cinéma.

 

     Aux débuts du cinéma muet, les acteurs se maquillaient eux-mêmes. Certains étaient plus habiles au maquillage que d'autres, ainsi Lon Chaney Sr, Yannos Piccoulas et George Westmore. Chaney était d'origine irlandaise et fit la carrière d'acteur que l'on sait en se maquillant seul la plupart du temps (on l'appela "L'homme aux 1000 visages"), Piccoulas était grec, mais il changea de nom en arrivant aux Etats-Unis (nous en reparlerons) et Georges Westmore arrivait d'Angleterre. Coiffeur, il se recycla vite dans le maquillage et les perruques de cinéma où il devint rapidement une célébrité. 



 

     En 1914, un autre jeune acteur anglais, Cecil Holland (1887-1973), arriva à Hollywood où il s'illustra en faisant son maquillage tout seul, puis on lui demanda de commencer à maquiller ses collègues  tout en jouant la comédie dans les films alors muets. Il y connut un tel succès qu’on le nomma à la tête du département maquillage de la MGM en 1920. On lui doit la découverte de l’utilisation de la membrane d’un oeuf sur l’œil pour donner une illusion de cécité. Ce « truc », très douloureux parait-il, fut utilisé par Lon Chaney dans un de ses célèbres maquillages. Aujourd’hui, on utilise une lentille beaucoup plus douce.


 

    En 1917, George Henry Westmore (1879-1931) devint le premier grand chef maquilleur d’un studio de Hollywood. Il fonda une dynastie de maquilleurs. Ses enfants et petits enfants ont régné sur la plupart des studios hollywoodiens jusqu’à la disparition des Majors dans les années 80, et leurs descendants sont toujours aujourd’hui des maquilleurs réputés. De nos jours, les studios continuent d’exister, mais plus de la même façon et il n’y a plus de département maquillage intégré sous la responsabilité d’un grand chef de service (Department Head) :

  • Percy « Perc » Westmore (1904-1970) devint chef Maquilleur de Warner Bros. Pictures ; Gordon Bau lui succéda (voir ci-dessous).
  • Wally Westmore (1906-1973) dirigea le maquillage chez Paramount Pictures (qui eut longtemps une branche parisienne jusqu’à l’arrivée des allemands à Paris en 1940) ; 
  • Monte Westmore (1902-1940) dirigea le département maquillage de Selznick Pictures aujourd’hui disparue ; 
  • Montague "Monty" Westmore (1923-2007), débuta à la Warner Bros. avec son grand père Perc Westmore, puis devint le maquilleur favori de Paul Newman (entre autres).
  • Bud Westmore (1918-1973) succéda à Jack Pierce chez Universal en 1947 ; 
  • Ern Westmore (1904-1967), frère jumeau de Perc, dirigea le département maquillage de  RKO Pictures. 
Il y avait une combinaison de talents et d’ambitions dans cette famille. 

  • Michael Westmore Sr. ( était le fils ainé de Monte Sr. Ses autres fils sont Monty Jr. et Marvin George Westmore, aujourd’hui retraités, mais leur enfants Michael Westmore Jr., Kandace Westmore, Kevin Westmore, et beaucoup d’autres sont encore en activité. 

 

     Il faut ajouter que les Westmore non seulement maquillèrent pour le cinéma, mais ils ont créé une boutique Westmore (des années 40 aux années 70) et une gamme de produits de ville (aujourd’hui disparue) avec d’excellents fonds de teints fluides utilisés pour la beauté des stars puis des femmes en général et une poudre qui fut la meilleure poudre de maquillage pendant des années. 

 

     Dans d’autres studios, cependant, d’autres maquilleurs également talentueux ont dirigés les maquillages et d’autres lignées sont apparues. 

 

     Yannos Piccoulas, devenu Jack Pierce (1889-1968), fut recruté par Carl Lemmle Jr, fils du fondateur et directeur directeur d’alors Carl Lemmle Sr pour diriger les maquillages du Studio Universal  en 1928, et c’est à lui qu’on doit la plus belle lignée de maquillages fantastiques de l’histoire du cinéma. Jack Pierce créa, entre autres, le maquillage de Boris Karloff pour Frankenstein (1931) et on sait le succès que ce maquillage continue d’avoir 90 ans après, La Momie, Le Loup-Garou sur plusieurs acteurs, et tant d’autres personnages… Malheureusement, il travaillait presque toujours à la main et ses maquillages pour excellents qu’ils furent, duraient plusieurs heures. Curieusement, il n'est pas souvent crédité au générique de la plupart de ces films qui lui doivent leur succès. Comme il n’avait pas reçu de contrat lors de son engagement amical par le producteur Carl Lemmle Jr., il a été remplacé du jour au lendemain en 1947 par Bud Westmore. Jack Pierce est une source d’inspiration aujourd’hui encore pour les vrais maquilleurs de fiction. Après son éviction brutale des studios dont il avait fait la gloire, il a continué à travailler pour quelques films et séries télévisées, et après tant de succès il est mort dans la misère peu à peu oublié. Sa mort a été cependant annoncée à la radio et à la télévision. 

 

     Autre exception au règne de la famille Westmore, les studios M.G.M. (La célèbre Métro Goldwyn Meyer, avec le célèbre lion rugissant), une autre dynastie de grand talent s’est installée. Jack Dawn (1890-1961), puis ses fils Wes Dawn (1998-1990) et Bob Dawn (1921-1983) qui devint free-lance, et le fils de celui-ci Jeff Dawn, puis le fils de ce dernier Patrick Dawn. Tout cela forme une lignée considérable. C’est à Jack Dawn que l’on doit le premier grand film en couleurs Autant en emporte le vent. Il y avait une équipe formidable sur ce film, presque tous les maquilleurs de l'époque, parmi lesquels Ben Nye (1907-1986) est un des plus célèbres et qui fondera aussi une lignée de maquilleurs et une marque de produits cosmétiques d’excellente qualité avec des couleurs spécifiques pour à peu près tout. Ses deux fils Ben Nye Jr. et Dana Nye ont aussi eu une grande carrière dans le cinéma et Dana a continué à gérer la marque de produits cosmétiques.

 

     William Tuttle (1912-2007) succéda à la tête de la MGM à Bud Westmore et remporta le premier Oscar du maquillage en 1965 pour 7 faces of Dr Lao. Il a lancé une gamme de produis en crème  H.P. (= Haute Pigmentation) Color Creme Cosmetics qui pouvait être utilisée tant sur la peau que sur les prothèses sans necessiter autant de poudre que les classiques RMGP dont nous avons déjà parlé par ailleurs.

 

     N’oublions pas Ellis Burman (1902-1974), un maître de la sculpture et des matériaux de prothèses pour Jack Pierce et Jack Dawn (entre autres), et son fils Tom Burman qui fut apprenti à la 20th Century Fox avec Ben Nye puis avec John Chambers sur la Planète des Singes. On lui doit à partir de 1960 des choses aussi extraordinaires que l’endosquelette de Terminator. N’oublions pas non plus les deux fils de Tom, Rob Burman et Barney Burman, deux experts du maquillage spécial. Tom Burman a fondé les Burman Industries, actuellement dirigé par son ex épouse Sandra. Rob Burman a fondé Rubber Wear qui fabrique et distribue des prothèses en mousse de latex dans le monde entier. 

 

     Pensons aussi à tous les maquilleurs engagés par les studios mais dont les noms n’apparaissent pas au générique puisqu’il était de tradition à l’époque  de ne citer que le chef de département tant en maquillage qu’en coiffure, même si les chefs ne faisaient pas tout le travail eux-mêmes. Cette mauvaise tradition a donné l’idée plus tard aux producteurs qu’un chef maquilleur pouvait tout faire tout seul sur un film et qu’il n’avait pas besoin d’assistant. Heureusement, cela tend à revenir à une plus saine vision des choses aujourd’hui, surtout pour les maquillages spéciaux.

 

     Max Factor, de son vrai nom Maksymilian Faktorowicz, était un esthéticien, un coiffeur et un perruquier polonais, arrivé aux USA en 1908. Il développa rapidement un atelier de perruques pour le cinéma et devient vite célèbre. Il créa une ligne de produits de maquillage spécifiques pour le cinéma, fond de teint en tubes, pour améliorer les produits existant alors. Ses produits eurent rapidement un grand succès dans le studios. Il inventa en 1935 le Pan-Cake (fard à l’eau en boite) bien plus pratique que les fonds de teint en poudre dispersés dans un liquide en usage à l’époque, puis en 1948, le fard en crème plus fin mais plus solide que la pâte en tube genre dentifrice classique et le commercialisa dans le monde entier sous le nom de Pan-Stick. Cette texture est encore aujourd’hui la meilleure forme qui soit de fond de teint pour le cinéma en raison de sa versatilité : il peut être mis très fin ou très couvrant selon les besoins. Max Factor a eu un fils, Franck Factor (1904-1996), qui fit aussi du cinéma à Hollywood mais qui reprit le prénom Max pour présider la société portant ce nom. La société ne fait plus aujourd’hui tous les produits et coloris qui la rendirent célèbre dans le cinéma, et il ne reste plus qu'une petite gamme de produits de beauté de ville. 



 

     Les frères Gordon (1907-1975) et George Bau (1905-1974), à l’origine ingénieurs chimistes dans une usine de latex se reconvertirent assez vite dans le maquillage avant la 2e guerre mondiale. Appelés par Perc Westmore, George fut chargé de développer la mousse de latex et Gordon fut chargé d’appliquer le maquillage de Quasimodo pour Charles Laughton sur Notre Dame de Paris (The Hunchback de Notre Dame) avant de succéder chez Warner Bros. à Perc Westmore jusqu’en 1972. George perfectionna la mousse de latex et la reduisit de 12 à 15 ingrédients à 4 composants + 1 démoulant. Il ravitailla longtemps sur commande spéciale les autres maquilleurs (dont un certain Dick Smith, de New York…) avec sa formule restée secrète sous la marque G.T. Bau Laboratories. Le monde du maquillage doit énormément à George et Gordon Bau. Entre autres choses (le système du Roll-on Mascara, par exemple, repris par beaucoup de marques) toujours en usage actuellement, Gordon et George Bau sont les inventeurs de la formule du Old Age Stipple, un très intéressant produit, mélange de latex et de gélatine, très utilisé pour fripper la peau. Ce produit a été repris par la suite par beaucoup d’autres marques. Après la mort de George en 1974, Charlie Schram (1911-2008) hérita de la fameuse formule secrète de la mousse, l’améliora et la commercialisa, toujours à 4 composants + démoulant, sous l'étiquette « Windsor Hills Laboratories » puis la transmit peu avant de mourir à Rick Baker qui la transmit à Tom Burman qui la commercialisa sous son nom.

 

     Une autre mousse fut utilisée par John Chambers (1922-2001) pour créer les premiers masques de La Planète des Singes, R&D Foam latex system, mais la société n’existe plus, pour autant que je sache. John Chambers fut le premier à recevoir un Oscar honorifique pour cette création sublime. Une autre de ses réalisations fantastiques fut une transformation d’homme en cobra sur le film SSSSnake avec l’ami Dan Striepeke. 

 

     Dan Striepeke (1930-2019), déjà maquilleur chevronné après dix ans de métier et deux ans sur les Mission Impossible, avait travaillé avec John Chambers et Ben Nye à la création des maquillages de la Planète des Singes en 1967. Il succéda ainsi naturellemet à Ben Nye à la tête du département Maquillage à la 20th Century Fox en 1967, puis dirigea les films et séries suivants ainsi que beaucoup d’autre films de cette importante compagnie. 

 

     Dick Smith (1922-2014) n’a pas débuté à Hollywood mais à New York en 1940 où il fut recruté en 1945 comme premier Chef Maquilleur de la chaine de télévision NBC. A cette époque, la télévision (encore en N&B) débutait et transmettait non seulement les informations, mais aussi beaucoup de fictions en direct et Dick Smith eut l’occasion d’y développer son habilité à faire des prothèses. On lui doit aussi d’avoir créé, en collaboration avec la société Max Factor, la gamme de coloris spéciaux pour la télévision en couleur alors naissante, en système américain PAL, la série CTV-1W à CTV-12W qui devint vite le standard international au cinéma pendant des années. Ces coloris ont été repris avec plus ou moins d'exactitude par la suite dans beaucoup d’autres marques, et sont toujours utilisés largement. Dick Smith n’a jamais créé, pour autant que je sache, sa propre formule de mousse, mais il a utilisé, voire amélioré, toutes celles qui existaient sur le marché à l’époque. Il reconnait avoir reçu à cet égard un soutien formidable de George Bau, mais n’a jamais connu la recette exacte de sa mousse. Il a quitté NBC en 1959 pour se lancer dans le cinéma. Dick Smith a été un insatiable pionnier de la généralisation de l’usage des prothèses réalistes ou surnaturelles, améliorant les techniques de moulage, inventant le masque fractionné par l’éclatement des sculptures pour réaliser des vieillissements en plusieurs petites pièces souples se chevauchant au lieu d'un seul masque un peu rigide (Little Big Man, Amadeus, entre autres…), développant les possibilités de la mousse de latex, puis de la gélatine dont il avait amélioré sur Marathon Man la recette originale abandonnée depuis avant la 2e guerre mondiale. Il a obtenu un Oscar pour Amadeus et un Oscar pour l’ensemble de sa carrière. Comme tous les maquilleurs à l’ancienne, il savait tout faire en maquillage depuis la beauté la plus banale jusqu’au maquillage à prothèses le plus élaboré. Il a créé un cours de maquillage par correspondance auquel ont souscrit des centaines de maquilleurs du monde entier, dont tous ceux qui sont aujourd’hui parmi les meilleurs maquilleurs du monde, à commencer par Rick Baker dont on ne compte plus les Oscar. Depuis la mort de Dick Smith en 2014, son cours continue en ligne et c’est une équipe de ses anciens élèves (dont plusieurs sont oscarisés) qui corrige les exercices des élèves. Malgré le prix élevé (mais justifié) de son cours, l’investissement en valait la peine, car les élèves pouvaient alors toujours lui poser toutes les questions qu'ils voulaient. Peut-être reparlerai-je une autre fois des carrières de ces élèves dont le total des Oscars est impressionnant, mais ils font partie d’une autre génération…

 

     On ne doit pas oublier Charlie Gemora (1903-1961), un acteur connu à Hollywood depuis l’entre deux guerres pour interpréter les rôles de singes et de gorilles dont il s’était fait comme une spécialité. C’était un sculpteur, acteur, cascadeur et maquilleur et il faisait les masques de ses costumes en mousse de latex dès la moitié des années 30. Il a beaucoup travaillé dans les équipes des Department Heads, et est ainsi un de ces héros du maquillage hollywoodien "non crédité" la plupart du temps, mais ça n'enlève rien à son talent ni à son ingéniosité. 

     

     Il me semblerait injuste de ne pas citer ici Maurice Seiderman (1907-1989) qui eut une carrière aussi discrète que son talent fut énorme. Né en Russie en 1907, il est arrivé aux USA après la Révolution d’Octobre 1917. Il a commencé à travaillé chez RKO pour « balayer les cheveux », mais il y avait son petit coin-atelier et y faisait des prothèses tout seul. C’est là qu’il fut remarqué en 1940 par Orson Welles qui à 25 ans lui demanda s’il pourrait transformer complètement son visage progressivement de 25 à 75 ans pour le film Citizen Kane. Les maquillages de Seiderman sont devenus un succès majeur de l'Histoire du maquillage. Dès lors, Maurice est devenu le maquilleur préféré d’Orson Welles, mais sans être cité au générique le plus souvent. Or ses maquillages ont inspiré par leur qualité et leur technique un autre jeune maquilleur qui a depuis fait une grande carrière, Dick Smith, et qui lui " a dédié affectueusement son Do it Yourself Make-up Handbook ". Ce n’est certainement pas un mince hommage. Or, assez bizarrement, on ne trouve presque pas de trace de lui. Pourquoi ? Mystère.

 

     Tom McLaughlin, à Londres, créa aussi sous son nom en fin des années 60 une formule de mousse de latex qui disparut pendant quelques années mais fut reprise plus tard sous le nom de Monster Makers. Tom a depuis émigré aux USA et y a créé une société traitant les produits pour les prothèses en silicone.

 

     A Londres également, Stuart Freeborn (1914-2013) créateur de nombreux maquillages extraordinaires (2001, l'Odyssée de l'Espace, Noblesse oblige, Star Wars, et tant d'autres…) et père du célèbre Yoda est à l’origine de l’excellente mousse commercialisée un temps par son neveu John Woodbrige. Je crois savoir que cette mousse est aujourd’hui la base de celle commercialisée sous la marque Alcone à New York. 

 

     Christopher Tucker, était une basse d’opéra et se fabriquait souvent des prothèses en latex pour les rôles de composition auxquels sa voix le cantonnait, souvent des vieillards alors qu’il était encore tout jeune homme. Petit à petit, on lui demanda d’en faire pour d’autres au théâtre puis pour la télévision. Ce célèbre créateur anglais du maquillage de l’Elephant Man et du Phantom of the Opéra, entre autres chefs-d'œuvres, fabriquait aussi sa mousse selon sa propre formule, mais, à ma connaissance, il ne l’a pas commercialisée. C’est un homme adorable, un ami précieux. 



 

     Kryolan-Brändel, qui devint Kryolan, a créé le système A-150 de mousse de latex qui est maintenant « fabriqué » à San Francisco. Notons que ce qu’on appelle abusivement « Mousse à froid » (« Cold foam ») n’est pas de la mousse de latex (qui nécessite une cuisson de plusieurs heures dans un four autour de 95-100°C), mais de la mousse de polyuréthane. Le processus n’est pas du tout le même. Les résultats non plus.


 

     D’autres formules de mousses  de latex sont apparues, d’autres ont disparu, mais je n’en connais pas tous les détails…  


 

     Notons que le latex base de la mousse de latex était un latex cru concentré à 68% de matière solide en suspension, alors que le latex utilisé pour faire des masques creux ou des « coquilles » est un latex prévulcanisé concentré à 60%. Il existe aussi une catégorie autour de 50%. Aujourd’hui, le latex devenu trop cher a été remplacé par une autre qualité. Ça ne semble pas faire une grosse différence, mais au lieu de mettre 150 g de latex base dans une unité basique de mélange, il est préférable dorénavant d'en mettre 170 g pour l’équilibrer plus facilement avec les autres composants.

 

     Dans les années 30 et 40, la gélatine avait été utilisée pour fabriquer des prothèses mais fut abandonnée car elle fondait à la chaleur des projecteurs des studios, n’étant pas assez concentrée. Dans les années 70, grâce à Dick Smith sur Marathon Man, la gélatine plus concentrée est revenue sur le marché pour la fabrication des prothèses. 

 

     Egalement avant la guerre, on faisait des faux crânes à base de nitrate de cellulose, le fulmicoton qui servait aussi à fabriquer le collodion et le support des pellicules de cinéma, mais ce produit très inflammable, parfois explosif, rétrécissait à la chaleur dévoilant parfois la peau non maquillée voire la racine des cheveux. Ce produit fut abandonné pour le latex. Ce n'est qu'autour de 1950 qu'on remplaça le nitrate de cellulose par du vinyle dissous dans l'acétone puis dans les années 2010 apparut le plastique polyuréthane soluble à l'alcool. Ces produits pour faire les faux crânes servent aussi à encapsuler le silicone des prothèses. 

 

     Puis le silicone est bientôt apparu mais était difficile à maquiller jusqu’à ce qu’un autre Smith, Gordon Smith, maquilleur canadien et chercheur assidu, généralise l’usage d’un produit spécifique, le « deadener » qui avait pour but d’assouplir le silicone. Il eut aussi l’idée d’encapsuler le silicone entre deux couches de plastique à faux crâne, ce qui permit de maquiller plus facilement les prothèses avec à peu près tout les fonds de teints possible, du fard crème classique en stick ou en boite au spécial pour prothèses (RMGP = Rubber Mask Greasepaint) ou au fard à l’alcool. Cette technique des prothèses encapsulées a depuis pris une énorme ampleur dans le métier et est couramment enseignée un peu partout pour un prix modique. 




     Je dois un grand  M E R C I  à mon ami Scott Essman (de Los Angeles, journaliste spécialisé et professeur indépendant de cinéma, scénariste et réalisateur d’un très beau DVD rendant hommage à Jack Pierce, pour lequel Rob Burman a conçu et coordonné la reconstitution des principaux maquillages de Pierce) qui fut une source d’inspiration et m’a permis d’utiliser sa grande connaissance du maquillage de cinéma pour rassembler ainsi de manière cohérente toutes les informations que j’avais déjà en tête. 



 

     Il manque ici bien des noms, bien des dates, bien des faits, je les mettrai quand j'aurai le temps, mais je pense vous avoir déjà  indiqué quelques-uns des principaux fondateurs qui ont apporté des choses importantes au métier du maquillage au cinéma. Cela vous donnera déjà une idée de ce qu'est le maquillage de cinéma, grâce à qui et comment on en est arrivé là où en sont les choses aujourd'hui. Tous les grands artistes mentionnés sur cette page ont beaucoup travaillé pour que le maquillage évolue depuis Méliès. Il vous appartient de continuer à travailler autant pour le faire évoluer à nouveau et faire à votre tour d'aussi grandes et belles choses que vos prédécesseurs. Connaissez-les, respectez-les, profitez de leur enseignement, et transmettez-le à votre tour.

     

     L'histoire du maquillage au cinéma ne finit pas là, alors, peut-être que d’autres articles suivront… Qui sait ?… 

 

D'ici là, vous pouvez toujours relire les chapitres précédents…